Accueil ÉTUDES & PUBLICATIONS Bilan des PERSPECTIVES SONORES #425/01/2020ÉTUDES & PUBLICATIONSPRÉVENTION DES RISQUES AUDITIFS Les 18 et 19 novembre derniers se tenait la 4ème édition des Perspectives Sonores, le temps-fort du Mois de la Gestion Sonore organisé par AGI-SON. A cette occasion, des professionnels venus de toute la France ont participé aux rencontres-débats pour échanger sur les thématiques de la prévention, de l’éducation au sonore, de la formation et de l’avenir des systèmes de sonorisation. Ensemble, ils ont ouvert des perspectives pour progresser dans la gestion sonore. Table ronde 1 Santé auditive des jeunes : comment la prévention s’adapte à la mutation des pratiques d’écoute ? On observe ces dernières années de véritables changements dans les modes de consommation et d’écoute de la musique chez les adolescents : quels sont les nouveaux comportements à risques ? Comment adapter les dispositifs de prévention et d’éducation au sonore à ces nouvelles pratiques ? Animation : Carine JEANTON Conseillère musicale et technique et formatrice Intervenantes : Anne-Laure PRUNIER coordinatrice du pôle prévention – Polca Sandrine COURTIAL codirectrice de l’ARA – Autour des Rythmes Actuels Hélène FOURRAGE productrice du Peace&Lobe® en Pays de la Loire – MUS’AZIK : excusée et remplacée par Yann BIEUZENT Angélique DUCHEMIN directrice d’AGI-SON / Bilan et perspectives / Le constat : D’après les résultats du Baromètre sur les jeunes publié par AGI-SON en novembre 2019, 1/4 des jeunes déclarent être sensibles à la qualité sonore et près de la moitié savent qu’elle diffère selon les supports (smartphone, vinyle et CD). Ils sont cependant plus nombreux à prêter attention à la qualité du matériel plutôt qu’à la qualité de reproduction de l’œuvre. Or, le processus de compression est déterminant dans la qualité de la musique qu’on écoute. Le choix de s’orienter vers un meilleur format de compression n’est pas anodin puisqu’il permet de moins augmenter le son pour ressentir le volume. Il devient donc un levier de réduction des risques qui est de plus en plus utilisé dans les dispositifs de prévention. Les perspectives : Sensibiliser les jeunes à la qualité sonore en renforçant ou complétant les outils et actions d’éducation au sonore en abordant la thématique des différents formats de compression. Transmettre aux jeunes des clefs pour distinguer les différents formats des fichiers musicaux. Encourager les acteurs de la prévention à aborder cette question en utilisant des supports comme la vidéo de l’ARA accessible à tous sur edukson.org. Table ronde 2 Ecoute nomade et risques auditifs : quelles préventions pour l’espace urbain de 2020 ? Depuis 8 ans, AGI-SON pilote la campagne de prévention Mobily’Son, dédiée à l’écoute nomade dans les transports en commun, celle-ci ayant été très plébiscitée par les territoires, AGI-SON lancera en 2020 une concertation pour la moderniser. Des professionnels issus des différents secteurs impliqués partagent leur vision du déploiement d’une telle campagne dans l’espace urbain. Animation : Yann BIEUZENT animateur réseau du Pôle en Pays de La Loire Intervenants : Sébastien LEROY responsable des relations extérieures et partenariats à la JNA Yves BOZELEC architecte Voyer de la Ville de Paris Thierry CHARLOIS chef de projet sur la politique de la nuit à la Ville de Paris Charlotte FOUSSARD chargée de prévention en Occitanie pour la Fédération Octopus/ Bilan et perspectives / Le constat : La Campagne Mobily’Son concerne les personnes qui ont une écoute dite “nomade” de la musique c’est à dire au casque, en se déplaçant. Une habitude qui s’est généralisée ces dernières années avec l’hégémonie du Smartphone dans notre quotidien. Les chiffres de 2015 présentés par la JNA illustrent ce phénomène : ils révèlent que 100% des jeunes des 15-18 ans sont équipés en smartphone et 91% des 15-17 ans l’utilisent dans les transports en commun. Dans le contexte des transports, les usagers de casques/écouteurs ont tendance à monter le son pour couvrir l’environnement sonore et s’isoler.Les perspectives : Une refonte intégrale de la Campagne Mobily’Son pour 2021. S’inspirer de la pluralité des modes de prévention exposés par la Ville de Paris : l’affichage, la médiation, l’habillage du mobilier urbain… L’enjeu est de se démarquer des messages publicitaires qui saturent l’espace urbain. Concevoir une campagne qui est en capacité de toucher une audience intergénérationnelle. Investir les smartphones pour diffuser les messages. Impliquer les plateformes d’écoute et les fabricants de smartphone. Rencontre – Débat 3 Compétence de l’ingénieur son : faut-il instaurer un « permis » pour piloter un système de sonorisation en concert ? Nul ne contredira que l’ingénieur du son est la clef d’un concert réussi ! Il a la triple responsabilité de répondre aux attentes des musiciens, à celles du public tout en respectant les exigences réglementaires. Un équilibre parfois compliqué à obtenir notamment face à des systèmes de sonorisation de plus en plus évolutifs et performants. Animation : David OMER régisseur son et gérant de Next Level SPL Intervenants : Carole ZAVADSKI déléguée générale de la CPNEF-SV Patrick FERRIER directeur général du CFPTS et CFASVA Marc de FOUQUIÈRES directeur technique chez Dushow/ Bilan et perspectives / Le constat : De nos jours les productions sont en flux tendu et les techniciens son se doivent d’être efficaces immédiatement. Beaucoup sont formés sur le terrain lors de stages. Cette expérience professionnelle est primordiale pour compléter la formation de l’ingénieur du son. Si les diplômes prennent de plus en plus d’importance dans le recrutement, on observe que l’expérience prévaut et en particulier en ce qui concerne les postes à responsabilités des grandes institutions. Il y a à ce jour 14 000 techniciens recensés en France mais aucune statistique sur les formations des métiers du son. La formation s’est pourtant développée ces dernières années, de nouveaux métiers ont émergé comme celui de concepteur systèmes. Le domaine des musiques actuelles est également très perméable aux évolutions technologiques et à l’innovation. Les professionnels du son se doivent d’actualiser leurs connaissances pour suivre les tendances.Les perspectives : Valoriser et préciser les compétences des métiers du son dans le secteur musical pour mieux les comprendre et définir les missions, les responsabilités et le savoir-faire. Faire monter en compétence les formations de la chaine des faiseurs de son. L’ingénieur du son n’est pas l’ingénieur système mais devrait avoir accès à un niveau d’information plus élevé pour travailler de façon plus efficace et en connaissance de cause. Clarifier les parcours de carrières. Instaurer une chaîne de co-responsabilité entre l’ingénieur du son, le producteur, l’exploitant de la salle… Réfléchir à l’instauration d’une habilitation. Faire évoluer le Certificat de Compétences Professionnelles à la Gestion sonore. Rencontre – Débat 4 Sonorisation et innovation : quel système son dans la salle de l’an 3000 ? A quoi ressemblera la sonorisation des salles du futur ? Quelles sont les innovations en matière de spatialisation du son, de qualité sonore et d’équipement ? Peut-on rêver à une sonorisation en phase avec la transition écologique ? Animation : Fabrice JALLET coordinateur du Pôle Musique et Innovation à L’IRMA Intervenants : David ROUSSEAU électro-acousticien et ingénieur système Stéphane DUFOSSÉ CEO de Augmented Acoustics Martin ANTIPHON ingénieur du son, producteur chez Music Unit Etienne CORTEEL directeur éducation et formation L-Acoustics Julien FEUILLET ingénieur en Énergie et directeur de PIKIP Solar Speakers/ Bilan et perspectives / Le constat : Aujourd’hui, les salles de musiques actuelles ne sont pas construites pour une esthétique spécifique or on sait que l’acoustique est une science complexe. C’est donc au sonorisateur d’adapter au mieux le système de sonorisation du concert. Il est, de plus, confronté à deux nouvelles problématiques : l’émergence sonore et les niveaux dBC et dBA à respecter en tout point accessible au public. Il devra y répondre au plus vite afin de se conformer au décret “sons amplifiés” en vigueur depuis un an. L’autre défi sera de sonoriser les tiers lieux, tels que Dehors Brut à Paris, qui sont en plein boom dans nos espaces urbains. Si dans la salle de concert 2019, les sources sonores pour le public sont au même endroit, quelles sonorisations se profilent pour l’an 3000 ?Les perspectives : La spatialisation sonore et la multidiffusion sont des solutions en pleine expansion. L-Acoustics expérimente le système L-ISA dont l’objectif est de répartir les sources sonores et donner une position à chaque tranche sonore à la console pour proposer un mixage objet. Il propose aussi d’ajouter un caisson de basse central pour gérer les graves. Ces systèmes permettent de progresser dans la qualité sonore et ainsi d’abaisser les niveaux sonores. Cette recherche de la qualité sonore s’incarne aussi avec des dispositifs comme Supralive (un produit d’Augmented Acoustics) où le spectateur équipé d’oreillettes peut personnaliser le mix du concert. Un outil qui peut aussi venir en complément des grandes salles (stades) où certaines zones sont mal sonorisées. Les évolutions technologiques offrent de nouveaux champs créatifs pour les artistes que ce soit dans leur live et ou dans la musique enregistrée. Ex: Le concert de l’artiste Molécule en son 3D où le public l’entoure. La tendance au gigantisme des concerts qui est très énergivore s’essoufflera t-elle et irons-nous vers des systèmes de sonorisation plus durables ? Des projets comme PikiP Solar Speakers qui développe des enceintes à panneaux solaires enclenchent cette transition écologique. Et pourquoi pas créer un flux universel pour rediffuser les concerts en temps réels dans plusieurs lieux via différents supports ? Voilà de quoi diminuer l’empreinte carbone de nos activités liées au spectacle ! Faudra t-il encore composer avec le “visuel” des concerts (ex: le mur d’écran du festival Coachella) qui est très tendance mais complexifie l’installation du système son voir le réduit ? D’ici l’an 3000, on ne pourra faire l’impasse sur un complément de formation de la profession sur la gestion des basses fréquences. Si les nouvelles technologies vont à grande vitesse, elles restent onéreuses et ne pourront se généraliser qu’avec des tarifs accessibles, un complément de formation de la profession, ainsi qu’une capacité et une volonté à réinventer l’expérience sonore !